Dix ans après Paris - La confiance est l’actif stratégique qui fera advenir la transition
Dix ans après l’Accord de Paris, nous entrons dans une nouvelle ère où les certitudes d’hier s’effacent progressivement. Les dividendes de la paix, qui ont longtemps soutenu la stabilité économique et financière, semblent désormais derrière nous : tensions géopolitiques, risques physiques, fractures sociales, bouleversements technologiques. Dans ce contexte, une évidence s’impose : le développement durable ne repose plus seulement sur la responsabilité et l’intégration des facteurs extra-financiers, mais aussi et avant tout sur la confiance. La confiance est essentielle : c’est elle qui ouvre l’accès aux marchés, détermine le coût du capital, permet l’acceptabilité des cadres réglementaires et, surtout, fonde la légitimité de l’action économique. Nous ne sommes plus dans un schéma où la création de valeur précède la responsabilité : la confiance est désormais un actif stratégique, mesurable, qui favorise la résilience, la stabilité et la soutenabilité.
Il est vrai que plusieurs symboles vacillent : la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) sous respirateur, et les alliances similaires qui se fracturent telle la Net Zero Banking Alliance ; les directives européennes remises en question (CSRD[1], CS3D[2]) ; la taxonomie[3] en révision permanente. Quant à l’Accord de Paris, dont les objectifs paraissent hors de portée et que certains jugent déjà relégué au musée des bonnes intentions – assimilé au monde « naïf » du multilatéralisme, de bons sentiments et de tableurs Excel —, il est brandi comme la preuve d’un cycle achevé. Nombreux sont, en effet, les éléments qui pourraient faire croire que la finance verte est morte. Certains s’en attristent en silence. D’autres – ceux qui ne s’y retrouvaient pas, ou ceux qui s’y étaient engagés sans conviction – respirent, soulagés.
Mais ce serait une erreur de diagnostic. Bien au contraire, si l’on observe objectivement les évolutions des dix dernières années, la finance durable n’a pas disparu : elle a changé les règles du jeu. Ce n’est plus la promesse de rendement immédiat qui attire les capitaux et permet d’innover, mais la capacité à instaurer un climat de confiance, en démontrant la transparence, la responsabilité, l’impact réel. Les acteurs économiques qui l’ont compris sont ceux qui innovent, attirent les investissements et résistent aux crises. En réalité, le succès de la finance durable est tout bonnement spectaculaire et, 10 ans après les rêves de ceux qui, en décembre 2015, erraient dans les couloirs de la COP21 au centre de conférence de Villepinte, attendant que le petit marteau vert de Laurent Fabius scelle l’Accord de Paris, l’histoire continue.
Je vous propose un voyage rétrospectif, pour comprendre comment la confiance s’est imposée comme le socle de la finance durable, et pourquoi elle sera la clé de la compétitivité et de la prospérité pour la décennie à venir.
[1] La directive sur le reporting de durabilité des entreprises (CSRD) habilite la Commission à adopter des actes délégués et des actes d'exécution pour préciser comment les autorités compétentes et les participants au marché doivent se conformer aux obligations énoncées dans la directive. Plus d’informations ici.
[2] La directive sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité (CS3D) a pour objectif de favoriser un comportement durable et responsable des entreprises dans leurs opérations et à travers leurs chaînes de valeur mondiales. Plus d’informations ici.
[3] La taxonomie verte de l’UE est un système de classification des activités économiques permettant d’identifier celles qui sont durables sur le plan environnemental, c’est-à-dire qui n’aggravent pas le changement climatique. Plus d’informations ici.
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