Perspectives 2025 - Actifs listés

Publié le 13/01/2025

D. Trump fait son retour, l'Europe et la Chine aussi ?

Editorial

L’année 2024 a été marquée par un agenda politique très riche, avec des élections prévues de longue date et d’autres qui furent une surprise. Cela a créé un climat d’incertitude, alimenté au niveau mondial par la persistance de conflits armés en Russie-Ukraine, Moyen-Orient, et des tensions en mer de Chine. Mais ce ne sont pas les seuls événements marquants de l’année. Le réchauffement climatique a entraîné un très grand nombre de catastrophes naturelles, comme en témoigne l’Espagne dévastée par des inondations au mois de novembre. Si l’élection américaine a mis un terme au suspens électoral américain, les grandes lignes de force de 2024 vont se prolonger en 2025 : incertitude politique des deux côtés de l’Atlantique, risques géopolitiques majeurs et nécessité de s’adapter et d’atténuer le dérèglement climatique.

UNE POLARISATION DES PERFORMANCES ÉCONOMIQUES

Nous avions réaffirmé notre confiance dans l’économie américaine il y a un an et même si le contexte politique évolue, cette dernière nous semble toujours solide. Donald Trump a fait beaucoup d’annonces et nous ne savons pas encore comment il va piloter sa politique commerciale. Cela crée de l’instabilité, néanmoins le dynamisme américain ne cesse d’être démontré ; nous restons conscients des répercussions négatives que pourrait avoir une guerre commerciale sur le reste du monde. En ce début d’année 2025, l’Asie démontre elle aussi la vigueur de son développement. États-Unis et Asie représentent donc les deux moteurs de l’économie mondiale, prenant en étau le Vieux Continent.

À court terme, rien ne laisse présager que l’Europe puisse se sortir de toutes ses difficultés.

En Allemagne, l’industrie, notamment automobile, continue de rencontrer des difficultés et une guerre commerciale ne ferait qu’aggraver la situation du pays qui fut un temps le moteur économique de l’Europe. En France, la perspective d’une sortie de crise politique s’est éloignée au cours des derniers mois de 2024 et cela remet en question sa capacité à attirer des investisseurs étrangers. L’Espagne et l’Italie tirent leur épingle du jeu, mais ont besoin du soutien d’une Europe forte.

Nous évoluons dans une économie de plus en plus polarisée. Cela se vérifie entre les grandes zones économiques mondiales, mais aussi au sein même des secteurs d’activité, entre entreprises. Voilà pourquoi, il devient difficile d’investir sur une tendance dans son ensemble : nous devons investir de manière sélective au sein des différents thèmes qui façonnent l'économie mondiale.

Malgré ces risques, nous n’excluons pas totalement la possibilité d’un rebond sur les marchés, notamment en Europe et dans les pays émergents en fin d’année. Une relance structurelle lancée en Allemagne après les élections anticipées de février prochain constituerait un point positif. Un tel rebond devient d’autant plus probable grâce aux importantes réserves d’épargne des consommateurs européens et aux bons fondamentaux de nombreuses entreprises. À cela s’ajoute un marché de l’emploi sain et des indices PMI sur des niveaux très bas, qui pourraient remonter. Dans cet environnement prudent, il existe donc des opportunités d’investissement. D’autant que si le scénario sur les marchés ressemble à celui qui avait suivi l’élection de Donald Trump en 2016, certains secteurs pourraient afficher de belles performances dans les années à venir. 

À SUIVRE EN 2025

Si Trump et son administration parviennent à canaliser un potentiel rebond de l'inflation, les actions américaines pourraient délivrer une performance de l'ordre de 10 % en 20251. Nous identifions plusieurs secteurs intéressants, au premier rang desquels la santé. Elle profite de valorisations attractives et devrait bénéficier des avancées en matière de R&D et de technologie, ainsi que d’une réglementation favorisant l’innovation. Nous sommes également positifs sur l’intelligence artificielle. Il y a évidemment des opportunités avec la construction de data centers et au sein de l’écosystème des développeurs et intégrateurs d’IA.

« Nous ne nous intéressons pas qu’aux providers, mais aussi aux entreprises qui proposent des applications de l’IA et à celles qui développent
des services autour de cette technologie. Nous voyons déjà des répercussions positives sur leurs résultats », précise Jens Peers.
 
Le secteur de l’eau, avec les activités ayant trait à l’accès à cette ressource et à sa qualité, devrait connaître une évolution positive. L'année pourrait s'avérer plus difficile pour les énergies renouvelables, mais nous ne les excluons pas compte tenu de leur potentiel de performance. Comme pour l’eau, les solutions permettant de faciliter l’accès à l’énergie devraient bien performer, notamment dans les pays qui n’ont pas la volonté d’utiliser le nucléaire. Donald Trump ne devrait pas non plus revenir sur leur développement, qui progresse dans plusieurs états républicains, apportant une manne financière. Les secteurs de l’eau et de l’énergie nécessitent des infrastructures, des réseaux, et donc des matières premières, parmi lesquelles le cuivre, dont il faudra suivre l’évolution des cours.

« J’ai en revanche plus de réserves quant aux secteurs exposés à la consommation », poursuit Jens Peers. « Outre une possible inflation, le secteur du commerce pourrait rencontrer des difficultés de recrutement aux États-Unis, avec le coup d’arrêt porté aux flux migratoires. »

Les tendances structurantes de la préservation des ressources, de l’adaptation à l’évolution démographique ou encore de la transition face aux impératifs climatiques figurent parmi nos thématiques de long terme, tout en présentant des opportunités d’investissement de court terme, notamment grâce à l’accélération technologique.

NE PAS NÉGLIGER LE LONG TERME

Si le sujet de l’ESG2 semble être moins présent dans les préoccupations des investisseurs, les thématiques ayant trait au climat, à l’environnement, au social et au capital humain demeurent des axes essentiels pour comprendre les entreprises et leurs stratégies, aussi bien sur le court que sur le long terme. Malgré certains atermoiements réglementaires, les entreprises sont bel et bien engagées dans une phase de transition, car elles comprennent que cela fait partie intégrante de la gestion des risques et que ces évolutions, réelles, nécessitent une adaptation de leurs modèles d’affaires sous peine de perdre en compétitivité. Ces critères demeurent donc essentiels dans l’évaluation de la qualité des entreprises. La thématique de leur adaptation à ces enjeux d’avenir constitue une tendance d’investissement porteuse. Les tendances structurantes de la préservation des ressources, de l’adaptation à l’évolution démographique ou encore de la transition face aux impératifs climatiques figurent parmi nos thématiques de long terme, qui offrent également des opportunités d'investissement attractives à court terme grâce à l'accélération technologique. Dans ce monde très polarisé, la persistance d’incertitudes pourrait créer de la volatilité. Cela nécessitera de la part des entreprises une grande agilité, et sera propice à une gestion active.

LES FONDAMENTAUX D’AUJOURD’HUI ET DE DEMAIN

Quel que soit le scénario qui sera celui de 2025, nos convictions demeurent les mêmes quant aux tendances structurelles qui vont façonner l’avenir. Les États comme les acteurs économiques devront, ne serait-ce que par pragmatisme, s’adapter aux effets de la transformation climatique, qui met en danger des territoires entiers, leurs habitants et leurs entreprises. Les atermoiements politiques et réglementaires relatifs à l’environnement et au climat ne mettront pas un terme à la transition. Prendre soin des Hommes, de la planète et de ses ressources essentielles est une tendance qui parviendra à dépasser les vicissitudes politiques et les aléas économiques, et demeure au coeur de nos convictions d'investissement.

Hervé Guez

Hervé GUEZ

Global Head Listed Assets
Jens-Peers

Jens PEERS

CIO of Sustainable Equities

Retour sur 2024

1 | Une croissance mondiale stable

  • Croissance mondiale se situant à environ 3 %, similaire à 2023, soutenue par les services.
  • Fortes variations entre régions et pays.

2 | Une Amérique toujours aussi forte

  • Croissance américaine atteignant 2,8 %, soutenue par la résilience des consommateurs malgré des taux élevés.
  • Appréciation significative du dollar.

3 | Une Europe à géométrie variable

  • Croissance de l'UE : 0,8 %, avec de grandes disparités entre pays "cœur" (France, Allemagne) et pays périphériques (Espagne, Italie, Irlande) en meilleure position.

4 | Le grand virage des banques centrales

  • Les banques centrales ont amorcé un cycle d'assouplissement attendu par les investisseurs.
  • Réserve fédérale : de 5,5 % à 4,75 % ; BCE : de 4 % à 3 %.

5 | De grandes manœuvres chinoises

  • La Chine atteint une croissance de 5 % malgré des défis économiques importants.
  • Lancement d'un plan massif au 4e trimestre pour contrer la faiblesse de la consommation, la crise immobilière et les pressions déflationnistes.

6 | Une année politique…

  • Élections présidentielles aux États-Unis, dissolution de l'Assemblée nationale en France, implosion de la coalition en Allemagne.

7 | … Et géopolitique

  • Intensification des tensions entre la Russie et l'Ukraine/OTAN comme en mer de Chine, et craintes persistantes d'embrasement au Moyen-Orient.

8 | Le crédit profite de la robustesse des entreprises

  • Soutien du crédit grâce aux bilans solides des entreprises, et la résistance de leurs marges opérationnelles en particulier aux États-Unis.
  • Bonnes performances du high yield3 et intérêt soutenu pour les obligations souveraines des pays périphériques d'Europe, avec une pentification des courbes des deux côtés de l'Atlantique.
  • Hausse des taux 10 ans sur la première partie de l'année, tandis que les taux à 2 ans ont considérablement baissé, tout comme l'inflation.

9 | Suprématie des États-Unis

  • Surperformance des indices actions américains de 20 % par rapport aux indices européens, tirée principalement par les « Sept Magnifiques »4.
  • Un début d’année favorable au marché actions grâce aux baisses de taux des banques centrales.
  • A partir de septembre, les investisseurs ont favorisé les secteurs cycliques au détriment des secteurs défensifs

10 | Élection de Donald Trump

  • Les conséquences de ses orientations politiques sur l'économie et le commerce mondial suscitent des préoccupations, notamment quant à leurs effets inflationnistes potentiels.

Nos convictions pour 2025 - Scénario central Mirova5

Croissance et inflation, le bon équilibre


Retour de Trump

L'administration Trump vise 3 % de croissance réelle par an, une réduction du déficit à 3 % du PIB d'ici 2028 et une production
supplémentaire de 3 millions de barils de pétrole par jour6. Le deuxième objectif semble ambitieux, les deux autres atteignables.


Stratégies de croissance

Dérégulation, réductions fiscales et gains de productivité forment les leviers pour soutenir la croissance tout en atténuant les effets inflationnistes induits par la réduction drastique des flux migratoires et la hausse des droits de douane.


Perspectives de marchés

Les marchés actions américains ralentiront, tandis que les actions européennes en décote pourraient bénéficier de catalyseurs plus positifs que ne se l'imaginent les marchés.

Vues macro


États-Unis

Une croissance attendue entre 2,5 % et 2,8 % en 2025 reposant sur une politique de dérégulation, des baisses d’impôts et une poursuite des gains de productivité. Résilience de la consommation et des dépenses d’investissement des entreprises.

 
Zone Euro

  • Une croissance attendue entre 0,8 % et 1 % en 2025, principalement soutenue par une hausse des salaires réels et un léger rebond de la consommation. 
  • Une inflation faible, attendue à 2,0 % d'ici mi-2025, qui pourrait inciter la BCE à effectuer des baisses de taux rapides.

 
Chine

  • Une croissance attendue entre 4,5 % et 5 %, soutenue par une demande intérieure plus forte et des politiques de relance proactives.
  • L'inflation devrait rebondir pour atteindre environ 1 % d'ici mi-2025.

PRINCIPAUX RISQUES

  • Hausse des droits de douane, risque inflationniste et de guerre commerciale.
  • Menace de conflits géopolitiques et instabilité politique en France et/ou en Allemagne.
  • Baisse de la consommation due à un potentiel effet richesse négatif aux États-Unis et à une poursuite de la crise immobilière en Chine.
Fanny Ajamian

Clarice AVERY

Client Porfolio Manager
Hervé Guez

Hervé GUEZ

Global Head Listed Assets
Jens-Peers

Jens PEERS

CIO of Sustainable Equities
ROCHER Bertrand

Bertrand ROCHER

Co-head of Fixed Income, Head of Credit Research & Portfolio manager
David BELLOC

David BELLOC

Portfolio manager/ Strategist
Les données mentionnées reflètent l'opinion / la situation de Mirova à la date de ce document et sont susceptibles d'être modifiées sans préavis.
1. Source : Mirova.
2. Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Source : Mirova.
3. Les Obligations à haut rendement (High Yield) sont des émissions obligataires qui proposent un fort rendement en
contrepartie d'un haut niveau de risque.
4. Groupe de sept actions de grandes entreprises technologiques qui ont connu une forte performance sur le marché boursier,
en particulier aux États-Unis, au cours de la période récente (Tesla, Apple, Amazon, Alphabet, Microsoft, Meta et Nvidia).
Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.
5. Voir le détail de nos scénarios alternatifs en page 12
6. Source : Bloomberg.
Source : Mirova